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Stage EUREGIO 2010 PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 18 Février 2010 07:54
Stage EUREGIO 2010
Sous le signe de l'Amitié
et de la concurrence
 
La 13ème édition du Stage EUREGIO s'est tenue les samedi 13 et dimanche 14 février à GENK (Belgique).
 
Organisé à l'initiative de Jos VAN ROY, l'un des plus grands Aikidokas européens, ce Stage réunit traditionnellement plusieurs professeurs (habituellement quatre), tous élèves de Maître SHIMIZU, qui convergent avec leurs élèves en un point situé tantôt en Allemagne, tantôt en Belgique, tantôt au Pays-Bas.
 
Depuis 1999, j'ai personnellement l'honneur et le plaisir d'être convié à compléter le groupe en y ajoutant une petite touche "française" si l'on peut dire, car l'Aïkidô bien que création japonaise se situe bien au-delà des nationalités et cultures.
 
C'est l'un des points que j'ai apprécié d'emblée chez Maître SHIMIZU lorsque je rejoignis le Tendôryû aux premiers jours de 1984: alors que bien des experts rencontrés au Japon avaient un a priori vis-à-vis de leurs élèves estrangers ("Bah!... Inutile d'essayer, vous n'y parviendrez pas, ce n'est pas dans votre culture"), notre bien-aimé Sensei me fit comprendre dès les toutes premières séances d'entraînement qu'il ne faisait nulle différence entre tous ses élèves.
 
Il a raison, en cela que si l'Aïkidô devait se teinter des couleurs de chaque nation où il est enseigné, l'on assisterait à une profusion d'aïkidos différents qui seraient vite rendus incompatibles les uns avec les autres.
 
Ces principes s'appliquent aussi bien à la technique qu'à l'étiquette en général, la morale, le comportement au sein du Dôjô et dans la vie.
 
Mais revenons-en à notre Stage...
 
EUREGIO se dit d'un lieu géographiquement situé à la limite de plusieurs pays ou régions; c'est le cas de notre "triangle d'or" de l'Aïkidô de par le nombre de professeurs qu'il recèle. Il existe d'autres provinces de divers pays européens bénéficiant de l'appellation Euregio.
 
Cette fois-ci, je faisais le voyage seul. En effet, aucun élève n'avait manifesté le désir de se joindre à l'aventure, et c'est bien tant pis pour les absents! La rencontre avec des Aikidokas allemands, belges et néerlandais, et la communion dans la pratique est une source d'incroyable enrichissement.
 
Voyageant sans GPS et autres diableries, et ayant à peine vérifié l'itinéraire sur internet qui, à son habitude, donne des informations biaisées (trajets faisant de vastes détours), je partis le samedi matin à 8h20 en me fiant surtout à mon nez. Il s'agissait d'abord de voguer vers le Grand Nord; ensuite, il serait temps d'aviser.
 
Le Grand Nord, oui... A peine passée la frontière, comme si le temps tenait compte des contingences géographiques imposées par les hommes, je tombe en pleine tempête de neige et de glace. Ayant miraculeusement réussi à ne pas me tromper lors d'un embranchement de l'autoroute (fallait-il suivre Bruxelles ou Liège???), je m'arrête à la station-service suivante; il est déjà 11 heures. Je tombe nez à nez avec deux pandorres, un homme et une femme qui, d'après les chevrons relevés sur leur manche gauche doivent correspondre à nos Gendarmes qui sortent des tinettes. Je m'attends à ce qu'ils me demandent des papiers ou quelque chose d'approchant, mais, non, ils me saluent très courtoisement. "Bonjour Monsieur", dit l'homme. "Bonjour Monsieur", enchaîne la dame, et les voilà qui poursuivent leur chemin. Je leur demande la route de Genk; ils se grattent la tête car visiblement ils ne connaissent pas la bourgade. En consultant une carte murale, le Gendarme parvient enfin à trouver; d'un index atrophié à force de pointer les cartes (ou de tirer sur la gâchette? Allez savoir...), le but de mon voyage. Il me conseille la prudence, car dit-il, les routes sont très verglassées dans la région où je me rends. "J'y serai en une heure, une heure et demie?" lui demandai-je. "Ooooh, bien plus que çà, je dirais... deux heures, deux heures et demie, vrai!" Je commence à suer.
 
Hop! Au volant, et cette fois, plus question de s'arrêter. Le Stage commence à 14 heures, mais me connaissant, je suis capable de prendre une heure et demie sur place pour trouver le gymnase. Dire que je m'y rends pour la dixième fois environ...
 
Haydn me tiendra compagnie tout au long du voyage. Ayant oublié de faire une provision de CD, j'en suis réduit à écouter en boucle ses symphonies n°98 et 102, qui sont il faut le dire de belles pièces de musique. Que n'ai-je emmené "Oxygène"; avec la tempête de neige, j'aurais eu l'impression d'être dans un aquarium ou à bord d'un sonar. Ou sur la calotte Nord de Mars...
 
J'arriverai sur le lieu du Stage à 13h35, et en tenue au Dôjô à 13h48. Tout de suite au vestiaire, et prêt à braver toutes les éventuelles douches glacées, je passe sous le jet qui, fort heureusement, est bien chaud. Un bon coup de savon, quelques ablutions pour se purifier l'haleine ("ce n'est pas ce qui entre par la bouche qui est impur, c'est ce qui en sort --- si l'on n'y prend garde"), voilà mon Misogi (prononcer "Missoguy") à moi. La pratique purificatrice prônée par Maître Ueshiba commence bien évidemment par une propreté irréprochable du corps, qui véhicule l'âme. Il est en effet très important que le Dôgi (ou vêtement endossé pour parcourir la Voie), qui n'est pas blanc par hasard, ne soit pas un nid d'impuretés, mais exprime au contraire la recherche de pureté qui habite celui (ou celle) qui le porte.
 
Le Misogi devrait englober le nettoyage méthodique et immédiat du Dôjô après l'entraînement; si ces traditions font le bonheur des Occidentaux lorsqu'ils se rendent au Japon, quant à les importer au sein de nos Dôjôs, c'est là une autre question. Nos sociétés, qu'on le veuille ou non, demeurent encore trop imprégnées des idées de castes. Nettoyer le tatami est considéré comme une corvée, alors qu'il s'agit d'un geste purificateur et revitalisant. Vaut-il mieux attendre que la femme de ménage passe la serpillère partout, une fois tous les 36 du mois?... Question de choix.
 
Le Dôjô doit être propre, et le pratiquant également. Etant donné que l'on va évoluer mains et pieds nus et au contact de nombreux autres adeptes, la moindre négligence en matière d'hygiène est à bannir. Question de respect, de soi et des autres.
 
13h55... Le temps d'échanger quelques salutations avec des pratiquants que l'on est toujours heureux de retrouver, quoique l'esprit encore embrumé par la fatigue du voyage, et voilà l'heure de commencer.
 
Soixante-dix à quatre-vingt pratiquants sont réunis pour cet entraînement. L'an passé, nous étions 105... Cette fois-ci, nous avons à relever un défi de taille: le Carnaval, une institution dans les trois pays limitrophes, bat son plein. C'est une fête de liesse populaire à laquelle beaucoup participent très directement. Certains sont contraints, famille ou travail obligent, d'y apporter leur contribution, au détriment du Stage qu'ils ne suivront que de loin, en esprit...
 
Qui ne connaît pas la terrible sensation de "ne pas en être", et de regarder avec angoisse passer les heures et les minutes. "Tiens, ils doivent être en train de saluer... Tiens, maintenant l'entraînement se termine"... Je plains mes camarades qui pour certains j'en suis plus que sûr ne sont pas de ce Stage faute d'avoir pu faire autrement.
 
Maître Jos commence l'entraînement. Une mise en condition très Aïki, avec des mouvements respiratoires et profonds; quelques déplacements bien centrés, nets et réguliers, et nous entrons dans le vif du sujet avec un Ikkyô en forme ura. Magie des grands experts, Jos parvient à nous captiver avec un mouvement qui pourrait être, entre les mains si l'on peut dire d'un Aikidôka de niveau moindre, un simple entraînement technique.
 
Mais voilà que le Sensei belge exploite le mouvement d'une manière pédagogique, presque mathématique, et souvent déroutante de par son naturel... Il extrait du mouvement le nectar, le meilleur du meilleur, pour nous le servir tel un produit rare puisé au coeur de la ruche...
 
Ludovicus PETERS, professeur hollandais, prendra la suite, en insistant lui sur le pivot en TenKan, d'abord sur un plan statique, histoire de bien fixer le centre, puis en fluidifiant progressivement le mouvement. Il enchaînera sur des techniques simples mais pour autant pas faciles, dont il saura lui aussi exploiter les richesses.
 
Viendra mon tour... M'inspirant des exemple démontrés précédemment, et considérant que le Aï Hanmi et le Gyaku Hanmi ont été travaillés, je passerai au Moroté (ou saisie à deux mains sur un poignet) pour proposer un TenKan à placer juste dans le temps (les deux mains constituant un handicap certain si l'on est en retard d'une demi-seconde, surtout si le partenaire est massif) et en remontant la main bien placée en Té-Gatana pour passer ensuite derrière le partenaire pour le projeter en Kokyû... Et autres variations.
 
Volker MARCZONA, professeur allemand au charisme bien connu, me confiera avant de prendre les commandes que toutes les options auxquelles il avait pensé ayant été exploitées par nous trois, il se retrouvait à devoir faire preuve d'imagination pour improviser un programme cohérent... Allons, allons, ce ne sera pas un problème pour cet expert expérimenté, et il prendra très judicieusement la suite, nous faisant apprécier la qualité de son travail fluide qui évolue année après année.
 
Le lendemain, c'est lui qui commencera à enseigner, car nous passerons en ordre inverse. Alors que je travaille le Tai sabaki avec une pratiquante de 10 ans, Volker viendra la corriger pour lui expliquer en particulier qu'il ne s'agissait pas de saisir le bras de Uké, mais davantage de le guider. Il appliquera sur moi une série de déplacements, conclus par un Koté Gaeshi que je n'avais pas vu venir: une spirale irrésistible dans laquelle je suis hâpé, avant d'être projeté dans les airs sans rien ressentir et d'atterrir en douceur sur le Tatami... Du grand art. Cela me rappelle les témoignages des élèves de O Sensei, qui décrivaient cette expérience du Vide tout empreint de bienveillance.
 
Le samedi soir, nous passerons un moment agréable à dîner tous ensemble, en une table interminable où les conversations sur la Voie et dans la bonne humeur se termineront bien tard. Après? Ah, après, ce n'est jamais fini... Nous nous rendons au "Zen-Center" de Genk où nous avons une réservation, nous les quatre professeurs en plus de huit élèves venus de province. C'est donc à 12 que nous partagerons le verre de l'amitié, en goûtant le vin corse que j'ai apporté, suivi bientôt du vin catalan dont Ludo a préparé six bouteilles... Nous n'en boirons que deux.
 
La chambre de moine ne comporte ni draps, ni eau chaude, ni chauffage; juste des couvertures nues, et en regardant tomber les épais flocons de neige par la fenêtre je mesure le froid qui s'étend sur la nuit glaciale, qui sera donc pour le coup une nuit forcément blanche...
 
C'est contents et prêts à rempiler pour l'an prochain que nous nous séparons tous le dimanche midi, avec la certitude de se retrouver prochainement pour s'entraîner tous ensemble.
 
Conclusion: il ne faut jamais manquer une telle occasion de s'entraîner, car il y a énormément à partager dans le Keiko avec des camarades lointains.
 
Merci à Jos pour son initiative qui connaît un succès jamais démenti.
 
Merci à Volker et à Ludo pour leurs belles leçons, dont je saurai tirer les enseignements.
 
Et à bientôt sur les tatamis!
 
Pascal OLIVIER.
 

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