Tendoryu

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Après le stage... PDF Print E-mail
Thursday, 23 July 2009 10:08
Waka, sensei ,Pascal, MmeShimizu
 
A la lecture du Compte-Rendu de notre Stage des 4 et 5 juillet, et après avoir reçu un certain nombre de commentaires (tous très positifs!) de la part de plusieurs amis et participants, voici venue l'heure du bilan.
 
Après l'effervescence des dernières semaines (un tel évènement se conceptualise lontemps à l'avance, mais comme d'ailleurs dans la pratique de l'Aïkidô, l'on ne saurait en prévoir que les lignes principales, les détails se précisant jour après jour dans les deux dernières semaines précédant sa réalisation), où les efforts ne furent pas ménagés pour donner au Stage le maximum de rententissement possible, une semaine complète de Séminaire d'Aïkidô (c'est l'appellation convenue) en Forêt Noire sous la direction de SHIMIZU Sensei, entraînement matin et après-midi, le reste du temps étant consacré au repos, aux échanges, aux mises au point, aux malentendus aussi parfois... Bref, un quotidien peu banal et riche de chaque instant, comme toujours avec le Sensei depuis maintenant vingt-six années que je suis son enseignement.
 
Mes camarades du Tendôryû européen (Allemagne, Belgique, Pays-Bas essentiellement) en conviendront certainement: aux anecdotes que SHIMIZU Sensei nous rapporte de manière régulière sur ses expériences vécues avec le Maître UESHIBA, nous pouvons dorénavant ajouter nos propres souvenirs d'entraînement, notre lot de sueur et de larmes, d'histoires hilarantes ou simplement banales, qui ne sont pas sans nous laisser le sentiment de revivre avec lui ce qu'il connut jadis avec le Maître-Fondateur.
 
La vie étant un éternel apprentissage, et l'âge permettant parfois de réparer des erreurs commises dans la prime jeunesse, je me dis qu'il a été privé de son Maître à 29 ans, époque où il eut très certainement pu approfondir encore son expérience de la vie en fréquentant celui qu'il qualifie très volontiers de "dernier vrai Budôka"; or lui-même me donne singulièrement l'impression d'être ce dernier Budôka authentique qu'il se défendrait sûrement d'être si on lui faisait la remarque.
 
En près de trente années de fréquentation du Maître, parfois dans des circonstances de proximité extrême, comme lors des séjours en province ou des Stages prolongés où les barrières des apparences tombent rapidement après les deux premiers jours, il ne m'a jamais été donné de le prendre en défaut de contradiction entre paroles et actes. C'est loin, précisons-le, d'être le cas de nombreux Sensei côtoyés en quelques dizaines d'années de pratique. "Nul n'est noble pour son majordome", dit un célèbre dicton. Eh bien, si! Pour ne citer qu'un exemple peut-être très, ou trop banal, lors d'un séjour au Japon nous étions hébergés dans un ONSEN (source thermale) et, ayant revêtu les traditionnels Yukata ou kimono d'intérieur, nous avions devisé jusqu'à une heure très avancée de la nuit en buvant thé et bière. Le réveil ayant été fixé à sept heures, j'ouvrais les yeux à sept heures moins cinq, et attendais immobile, pensant que l'heure à laquelle nous nous étions endormis justifierait peut-être une bonne heure de sommeil de plus. A sept heures moins deux, la voix du Sensei me parvient: "Pascal! Okiyô ka?" ("On se lève?")... Et de nous lever immédiatement d'un même geste, et de replier nos literies avant de nous rendre promptement au déjeuner.
 
Au-delà de la maîtrise évidente de la technique, c'est au travers de ces situations de la vie quotidienne que se creuse le fossé entre l'homme "de la rue", qui se lèvera en pareille circonstance en se tenant les reins et en pestant contre une nuit trop courte, et le Budôka qui tient son engagement coûte que coûte: nous avions, en effet, dit sept heures... Ce qui est convenu doit être respecté, il faut être dur avec soi-même, et enfin, on ne transige pas avec l'entraînement. Or, le contact avec le Sensei est toujours partie intégrante de l'entraînement.
 
Et pourtant rien n'est jamais acquis (autre enseignement du Budô)! La vie même ne tient qu'à un fil, et le fil se brise tôt ou tard, jeune ou vieux, nul ne connaissant l'heur qui lui est imparti. La part d'existence qui nous est allouée ne représente-t-elle pas au mieux un battement de paupière dans l'histoire sans fin de l'Univers?
 
Rien n'est donc jamais acquis. En prenant de l'âge, grand est le risque de devenir plus exigeant, plus difficile et même intransigeant. Là où l'on voyait jadis des pratiquants valables, voire des experts ou des "maîtres", l'on ne voit plus un beau jour que des gens qui ne sont allés que jusqu'à mi-chemin; ensuite ils n'ont pas su crever le plafond et s'expanser (belle expression entendue jadis de la bouche de Maître NORO, autre grand Maître de l'Harmonie) au-delà de la ridicule condition qui est celle de l'homme. Or l'Aïkidô ayant une vocation cosmique, il faut nécessairement, il faudrait tout au moins que la pratique atteigne une dimension située bien plus loin que de la simple technique purement, et bassement humaine. Vaste programme, effectivement; de quoi nourrir toute une vie de pratique, et même bien au-delà.
 
Ainsi chaque rencontre avec le Sensei est-elle en vérité un "challenge" vis-à-vis de moi-même, avec la crainte à peine non-avouée de n'être pas,  de n'être plus convaincu par ses faits et dires... " Saura-t-il me séduire?..." Telle est la question que j'ai à chaque fois le temps de remâcher, qu'il s'agisse d'un stage en Allemagne où les huit heures de route souvent solitaires sont propices à une telle méditation, ou bien encore d'un voyage au Japon où, là, les douze heures d'avion y pourvoient d'égale manière.
 
Autant dire que je ne suis pas "acquis" à la cause du Sensei; en serait-il autrement qu'il revêtirait dès lors le statut peu enviable de "gourou", avec les dérives sectaires que cela aurait tôt fait d'impliquer.
 
C'est pourtant à chaque fois la même chose: à peine Maître SHIMIZU est-il en action que se dissipent instantanément les interrogations, les  doutes, les incertitudes, pour ne plus voir que ce qu'il présente à nos yeux: une fugitive mais bien réelle vision de l'Essentiel, de ces choses qui vous remettent les idées en place et vous remettent sur la Voie des vraies valeurs. Toutes les questions existentielles que l'on pouvait par ailleurs se poser se trouvent effacées comme d'un trait de gomme... Curieuse alchimie du corps et de l'âme que permet de réaliser une pratique à l'origine basée sur le mouvement du corps, mais dont on peu ainsi constater les incidences sur toute notre existence. Le fondateur de l'Aïkidô, dans le premier livre paru sur le sujet au Japon en 1956 (réédité en 2000 en fac similé), ne précisait-il pas que "l'Aïkidô est la pure expression de la Vérité"? Ce propos illustre bien la pratique de Maître SHIMIZU. Pas de cinéma, pas d'effets d'artifice, pas de chichi ni de fioritures: juste ce qu'il faut, là où il le faut et quand il le faut. De la haute précision, grande, sublime, juste, comme une interpétation magistrale d'une sonate de Beethoven par exemple. Osons le parallèle: il est aussi rare de trouver de dignes interprètes de Beethoven, que d'authentiques Maîtres du Budô.
 
Voilà ce que j'ai, et avec moi je crois tous les participants, ressenti au Stage qui s'est tenu à Ozoir les 4 et 5 juillet 2009. Comme l'a mentionné Laurie PACE dans son compte-rendu, "du grand Art", résolument...
 
Pour le reste... Le Sensei aurait été plus satisfait s'il y avait eu 90, ou 100 participants, au lieu des quelque 70 sur le week-end, soit environ 55 par jour, ce qui est certes pas mal quand on sait que le "marché" de l'Aïkidô en France est très disputé, que les stages fédéraux sont meilleur marché que  le nôtre; que, il faut bien le dire, Maître SHIMIZU n'est pas connu ici (c'est tout juste si certains connaissent son nom), et qu'il n'y a peut-être après tout pas une très grande attente (ou demande) par rapport à son enseignement, à part pour une petite frange de puristes qui sont demandeurs de sa... pureté de style précisément. Lorsqu'il va enseigner dans les pays où le Tendôryû est déjà historiquement établi, il a d'ores et déjà un public acquis, et les places se disputent généralement dans des proportions supérieures à l'offre par rapport à la demande. Il en va autrement lorsqu'il vient ici: à part nos élèves, qui ne représentent qu'un petit groupe, il faut rameuter et faire venir, attirer même des Aïkidôkas de tous bords qui ne sont pas forcément demandeurs d'une forme d'Aïkidô inédite ici, tranchant par rapport à l'Aïkidô "conventionnel" (pardon!), que j'appelle l'Aïkidô de masse (pardon encore!), qu'on leur sert habituellement.
 
Tels sont les enseignements que j'ai personnellement tirés de ce Stage, que nul cependant ne saurait regretter d'avoir organisé ou suivi: une telle aventure n'a pas de prix. Mais nous allons travailler sérieusement sur une prochaine manifestation qui se tiendra certainement dans Paris ou dans une commune limitrophe, de manière à mettre à la disposition d'un maximum d'Aïkidôkas un enseignement que tous ceux qui le connaissent qualifient d'exceptionnel. Un enseignement que l'on peut très certainement considérer comme proche, extrêmement proche de l'Aïkidô tel que conçu et enseigné par Maître Morihei UESHIBA.
 
A tous les Aîkidôkas qui sont prêts à "vider leur coupe" (souvenez-vous, chers participants, des propos du Maître: "Vider sa coupe permet de la remplir à nouveau", métaphore signifiant qu'il faut faire le vide de connaissances et de certitudes afin de pouvoir en refaire le plein), je donne rendez-vous à un prochain Stage avec Maître SHIMIZU; dans l'attente, que nul n'hésite à nous rendre visite afin de goûter ensemble les joies de la pratique du Tendôryû, Aïkidô de la Voie Céleste...
 
Pascal OLIVIER.

 

Last Updated ( Thursday, 23 July 2009 10:39 )
 

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