Tendoryu

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Entrainement au Tendôkan (Tôkyô) PDF Print E-mail
  
Friday, 02 October 2009 09:50
Après 15 ans de pratique de l'Aïkidô, pourquoi aller s'entraîner au Japon? Pourquoi si tard? Voilà les questions que je me suis posées sur le chemin menant au Dôjô de Maître Shimizu. Alors j'ai passé rapidement en revue mon cursus d'aïkidôka.
 
Aujourd'hui je fais partie des plus anciens (en pratique) dans le Dôjô que je fréquente. J'ai commencé dans un club qui comportait uniquement des débutants. Pour le petit groupe d'assidus dont je faisais partie, nous scrutions les démonstrations de notre professeur pour chercher le sens du mouvement et ses diverses subtilités. Une saine émulation régnait où chacun cherchait à progresser par soi-même.
 
Avec le temps et en progressant, ma pratique est devenue plus routinière. A cela se sont ajoutés: quelques certitudes, un peu d'ego, l'impression que certains partenaires travaillent par habitude ou accoutumance; d'autres se ménageant trop à mon goût. J'ai parfois eu la sensation de passer pour une "brute" aux yeux de certains que je souhaitais faire progresser en les sortant de leur torpeur. Et pour finir j'ai eu la sensation désagréable de stagner, voire parfois de régresser. Ma motivation du début s'est émoussée et j'ai déserté les tatamis ces dernières années.
 
Il demeurait au total une question: après 15 ans de pratique, est-ce que l'Aïkidô pouvait m'apporter autant de plaisir et d'ivresse qu'à mes débuts? Pour avoir la réponse, il fallait aller à la Source...
 
 
                                           *
 
C'est un peu tendu que j'arrive au Dôjô. Je suis accueilli par Brigitte (nb: l'épouse de Maître Shimizu). J'enlève mes chaussures dans le vestibule. On passe la porte. Les tatamis sont tout de suite là. Je fais comme mon hôtesse, je m'agenouille et salue en direction du Shômen. J'ai la sensation d'entrer dans un sanctuaire. Elle me demande de patienter un peu avant d'être reçu par le Sensei. Après quelques minutes, je suis introduit. Nous réglons quelques formalités avec Brigitte puis elle m'indique le vestiaire. Je me change rapidement et retourne sur le tatami attendre le début du cours. Je commence à m'échauffer; en effet, on m'avait prévenu que l'échauffement était individuel. Petit à petit les pratiquants viennent peupler le tatami.
 
Je constate une grande diversité: des hommes, des femmes, quelques personnes "âgées" et adolescents. Tout le monde s'échauffe dans une ambiance feutrée. Et dans une relative concentration. Quelques pratiquants profitent de ce moment pour solliciter les anciens et travailler les chutes. Une femme d'une soixantaine d'années, qui me semblait débutante, demandait des conseils pour améliorer sa chute plaquée.
 
Deux à trois minutes avant le commencement de la séance, tout le monde s'aligne debout et attend silencieusement. Quelques instants avant le début, tout le monde se met à genoux. Plus un bruit. Le Sensei vient au centre du tapis et à l'heure exacte le cours commence.
 
Tout va très vite. Il appelle un Uké au centre, le projette sur différentes techniques, puis il enchaîne sur 4 à 6 ikkyô. Il se tourne vers les élèves et lance quelque chose qui ressemble à "A vous!!!" Chacun prend le premier partenaire qu'il a à sa droite ou à sa gauche. Et dans les 5 à 10 secondes qui suivent tout le monde est déjà en train de répéter le mouvement.
 
Le rythme est soutenu; les pratiquants, disponibles. Les techniques s'enchaînent sans discontinuer. Quelques très courtes interruptions, le temps de s'éponger le front et les poignets. Il fait chaud et humide, c'est l'été... Au bout de 10 à 15 minutes, chacun regagne sa place. Et à nouveau le professeur prend un Uké, le projette un peu dans tous les sens, montre 4 à 6 fois une technique, place éventuellement un petit commentaire. Et c'est reparti pour 10 à 15 minutes de travail.
 
Le cours dure 45 minutes, ce qui permet de voir 3 à 4 techniques et de finir par 2 à 3 minutes de kokyû hô.
 
Après le salut, tout le  monde se précipite pour nettoyer et lustrer les tatamis. Cela prend en tout et pour tout 2 minutes. Puis c'est la pause: 30 minutes. Certains pratiquants quittent le tatami; d'autres font leur entrée pour le cours suivant. Cette pause est mise à profit pour revoir les points techniques. Et surtout pour travailler la chute, et encore la chute...
 
Le deuxième cours commence. Il va au même rythme que le premier. Je comprends alors qu'il faut gérer mon énergie pour tenir jusqu'à la fin.
 
                                          *
 
Durant tous ces entraînements, bon nombre de choses m'ont enthousiasmé. Il est difficile de retranscrire le fruit de cette expérience tant elle a été riche. Il faut le vivre. Cependant je vais m'y essayer au mieux et donner mes impressions.
 
Tout d'abord, le lieu et l'ambiance sont particuliers. Même si le quartier où se trouve le Dôjô est animé et bruyant (voie expresse toute proche), tout le long de la pratique j'ai eu la sensation d'être dans une bulle hermétique où rien ne pouvait venir perturber l'entraînement.
 
Au sein du Dôjô j'ai constaté que les plus anciens veillaient à la formation des plus "jeunes". Ils les entraînent inlassablement à chuter. J'ai ainsi constaté que bon nombre de nouveaux pratiquants avaient une bonne maîtrise de la chute, alors que dans leur technique ils semblaient débuter.
 
Chacun veille à ce qu'il n'y ait pas d'accoutumance, pas de temps mort. Les anciens luttent contre toute forme de pratique machinale ou mécanique.
 
J'ai eu la sensation que chacun était présent en un lieu, un temps, un mouvement. C'est une chose que l'on retrouve un peu au quotidien dans la vie des Japonais. Si l'on entreprend quelque chose, il faut le faire bien et "à fond". En caricaturant on pourrait dire "qu'il faut agir comme si sa vie en dépendait".
 
Tout cela réuni en un même lieu, dans un Dôjô, donne des conditions de pratique idylliques. A cela s'ajoute la gentillesse des pratiquants qui ont été aux petits soins avec moi. Chacun est venu m'apporter ce qu'il savait et ce qu'il avait à me faire partager. Certains m'ont montré comment plier le hakama, d'autres sont venus me faire progresser dans la chute plaquée, ou sur un mouvement qui passait mal pendant le cours.
 
Au final, cette expérience m'a redonné goût à la pratique. J'avais cru être parvenu à un sommet, mais en définitive dès que l'on y arrive c'est pour se rendre compte qu'il en existe d'autres à gravir, bien plus hauts. En attendant, il faut oeuvrer pour que le Dôjô où l'on s'entraîner tende encore plus vers celui de Maître Shimizu. C'est l'affaire de tous les pratiquants, et pas seulement du professeur.
Last Updated ( Friday, 02 October 2009 09:53 )
 

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